Les Russes, ici, ont colonisé. Ce n’était pas un désert. Les Américains ont leurs Indiens, les Russes ont leurs peuples-racines. Reconnaissons aux musées de l’est lointain de ne pas les rayer de la carte. De poursuivre les collections : Valia m’a raconté avoir donné au musée de Khabarovsk un manteau brodé, peau de renne, avec les bottes assorties, qu’elle tenait de sa grand-mère, qui elle-même... Allez savoir.
On n’est pas en Amérique : difficile de faire miroiter la terre promise quand celle-ci est aussi terre de relégation - depuis le XVIIe siècle. Et pourtant, vieux-croyants, aventuriers, explorateurs, singuliers en tout genre, trouvent en Sibérie une démesure à la mesure de leur désir. Tandis que les peuples-racines, fussent-ils nomades, cultivent leur savoir-être, magnifient la couleur, font leur miel de leur environnement. Evenks, Nanais, Toungouses... Qui la fourrure, qui la laine, qui la peau de poisson. Sans Christian Lacroix.
- Broderies
On en reste un peu hébété. Devant cette peau de renne brodée d’or : "être toungouse, 1896". Mon grand-père avait trois ans. Devant ce berceau semblable à une barque portant l’enfant jusqu’au sein maternel. Devant les broderies en arabesques. Devant les chinoiseries qui sont sans doute simplement chinoises. [1]