Correspondances & Carnet - Voyage Immobile

Précédent    Jour 75    Suivant


----- Original Message -----
From: Picabiette
To: Cathbleue
Sent: Thursday, March 13, 2003 11:14 PM
Subject: Bonnes nouvelles et hommes de coeur


Enfin une bonne nouvelle: le papa de l'hymne soviétique, qui est aussi le jeune papa de l'hymne russe, vient de fêter ses 90 ans. Il est un papa abondant : deux hymnes et des garçons qui n'ont pas mal tourné. L'un qui s'appelle Nikita Mikhailkov, l'autre Konchalovsky.
Poutine a fêté ça.
C'est pas tous les jours qu'on a à sa table un type qui a écrit deux hymnes pour le même pays. Pas besoin de dire que ça s'arrose, ici tout s'arrose. Je me demande dans quel état est Sorokin, à Glasov.

C'est le type qui a écrit deux hymnes pour le même pays. Dans la gazette pieuse de Komsomolsk, j'ai même lu un truc épatant : il est croyant. On penserait qu'il dit ça parce qu'il est vieux et qu'il a la pétoche. Pas du tout. Il était déjà croyant au moment du premier hymne. Accusé ? De quoi ? Acquitté.
Il dit ça, dans la gazette: I am a believer. I have always been a believer. I have never hidden this. In general, I don't recognize atheists. I wrote the first text in 1943. Two more years of war lay ahead. The first text reflected everything I thought, everything the entire country was thinking, about the victory over fascism. This text was very dear and close to me. Today, of course, when I recall the years that have passed, I cherish it very much. But I realize that the country has changed. Russia has gone its own way. The words I have now written are close to my heart because I wrote them sincerely. When I wrote the words, I was thinking: Russia, our sacred state, Russia, our beloved country, mighty will and great glory will be yours for ever and ever - and I believe this.

Et il dîne avec Poutine.

Si tu veux mon avis, Tototte biscotte, nous nous y prenons comme des manches dans l'existence.

Celui-là s'appelle Serguei Mikhalov - sans k - et c'est l'un des patrons de la mafia. Belle piscine*, beaux muscles. Enfin, je dis ça, mais je n'aime ni les piscines ni les muscles. Accusé ? De quoi ? Acquitté.
A Genève, où avait lieu son procès, il a déclaré: C'est le jour le plus important de ma vie. Vous avez montré à la Suisse et au monde entier que dans ce pays existent la démocratie, la loi et l'équité. Mon coeur est plein de gratitude. J'aimerais envoyer à chacun de vous une lettre et dans chaque ligne j'écrirai: je vous aime, je vous aime, je vous aime. De tout mon coeur je vous remercie. Comme quoi il y a un coeur qui bat derrière tout biscoto. Comme quoi la Suisse est un grand pays. Quand on la repasse, comme dit Godard.

* A propos de piscine, je ne t'ai pas dit. Nous sommes allés, Albert et moi, à la piscine de Komsomolsk. Olympique et même plus. J'avais mon maillot de bain à jupette noire. On a rencontré des types sympas, des scientifiques qui s'en fichent de vivre à Komsomolsk ou à Toronto. Te raconterai. On a fait des longueurs de bassins en papotant tranquille.

Tu reviens, un de ces jours ? On pourrait faire une mafia, ça serait encore mieux qu'une maison de commerce spécialisée vodka. Tu crois que Monsieur Patrice, chez Hédiard, marcherait dans notre combine ? Je ne suis pas certaine : c'est un gentil. Il aime le vin, rouge, chaleureux, les bonnes bouffes. Acheteur liquides : je ne le vois pas se reconvertir en acheteur de jeunes femmes pulpeuses. T'en penses quoi, si jamais t'existes encore et que tu penses?

J'attends un signe de toi.

Picabiette