Que de lumières ! Mac Do, club "Djekpot". Le R..., le RE... , le RESPOUBLIKA torgovii tsentr (centre commercial "république") crache ses lettres une à une. Le Tsentralnii Univermag (magasin universel central), belle architecture, est moins classieux. La Moskovskii Vokzal découpe ses lettres bleues.
Beaucoup de monde. Je parcours les grands magasins, qui voient s’affronter deux conceptions du commerce. L’Univermag est un peu désuet, tout est bien classé, les livres avec les livres, la vaisselle avec la vaisselle, les bottes avec les bottes. On a l’impression que ça peut fonctionner quand la marchandise n’abonde pas : on a donc intérêt à mettre sous les yeux du public, exhaustivement, sans zone d’ombre, sans mise en scène, tout ce qu’on lui propose. Le Respoublika aurait-il été conseillé par les marketeurs du Bon Marché ? On dit l’abondance en manifestant la rareté : design épuré - un flacon de parfum sur une table de plexiglas laisse entendre qu’il est, aujourd’hui, tous les parfums. On organise l’espace selon l’ordre des désirs, selon la force de la convoitise des clients potentiels : produits de beauté et parfums, vêtements de luxe, fourrures... C’est en haut que l’on trouvera le linge de maison et la vaisselle. Rêves de femmes en bas, nécessités de femmes en haut ? Organisation désir contre besoin ? Demande contre offre ? Je ne suis pas économiste.
Ce que deviendra la Russie se joue aussi ici : qui rachètera l’autre, du Respoublika ou de l’Univermag ? Je suis bien en Europe.