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Platskart

jeudi 28 février 2008

De Tchita à Oulan Oudé, c’est court : 557 kilomètres, 534 roubles. Une nuit brève dans le train. J’essaie le platzkard, le wagon communautaire. Le wagon est dans le noir, je ne trouve pas ma place, on m’aide. M’assois. Ouf, j’ai la couchette du bas.

Le platzkart n’a pas de compartiment, mais des stalles ouvertes. Très convivial, en somme. Arrive un jeune couple. On n’y voit goutte. Je n’ai probablement pas entendu ce qu’a dit le type du couple, qui me sort de ma léthargie en gueulant : "Voui nié ponimaïétié po-rousski ?" (vous ne comprenez pas le russe ?). Je sursaute, et lui réponds : "Niet, ia nié gavariou po-rousski !" ("non, je ne parle pas russe !"). Ça jette un froid, puis tout le monde se marre, sauf l’armoire à glace du petit couple, dont la jeune femme me montre qu’elle veut simplement mettre son sac dans le coffre sur lequel je suis assise. Le type se tire, il accompagnait sa belle.

Hé bien, voilà ! Il n’y a plus qu’à dormir jusqu’à Oulan. Le ciel flamboie. Ma voisine d’en face se masse la nuque, elle souffre. La provodnitsa   ne lui donne pas de draps : elle n’a pas payé les 8 roubles 77 kopecks - 26 centimes d’euro - réglementaires. La vie est dure. La jeune fille du couple est adorable, une jeune Bouriate en mini-robe grise, collant gris, bottines noires fourrées, longues tresses brunes, longue pelisse noire.

La vitre du sas est couverte de boue : on n’y voit pas grand chose, au petit matin, alors que Oulan-Oudé s’annonce.

Dans la steppe un chemin...

Dans la steppe un chemin menaçant, taciturne,
Nostalgique et sans fin
S’enfuit, et je ne crains pas même les nocturnes
Embûches du destin.

Dépêchons ! Dans la nuit de grands bûchers éclairent
Les lointains de nos champs ;
Le saint étendard brille aux fugaces lumières,
Et le sabre du Khan.

La bataille, toujours ! L’accalmie ? — Un mirage.
Dans la poudre et le sang
Tu voles en avant, ô cavale sauvage,
Et piétines les champs...

Ces verstes sans répit, ces verstes obsédantes,
Assez ! Fais halte ! Attends !
De grands nuages vont et vont dans l’épouvante,
Le ciel est comme en sang

Alexandre Blok, 1908


Пусть ночь. Домчимся. Озарим кострами
Степную даль.
В степном дыму блеснет святое знамя
И ханской сабли сталь...

И вечный бой ! Покой нам только снится
Сквозь кровь и пыль...
Летит, летит степная кобылица
И мнет ковыль...

И нет конца ! Мелькают версты, кручи...
Останови !
Идут, идут испуганные тучи,
Закат в крови !

Закат в крови ! Из сердца кровь струится !
Плачь, сердце, плачь...
Покоя нет ! Степная кобылица
Несется вскачь !


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