8 h 17 comme prévu. Un café, un gâteau un peu étouffe-chrétien, et achetons un billet pour Berlin. Combien coûte le billet ? 300 000 roubles. Je ne cherche pas à faire le calcul [1]. La gare n’accepte que les espèces. Mais, mais ! Il y a des distributeurs de billets. Je retire un peu plus de 300 000 roubles, et me trouve à la tête d’une profusion de billets à vous donner la migraine. Il y a aussi des pièces. Que peut bien valoir une pièce de 1 rouble biélorusse ? C’est simple : 0,0003 €. Départ obligatoire à 15h26, un départ plus tardif me ferait passer la frontière au-delà de la limite de validité de mon visa biélorusse. J’ai échappé aux contrôles douaniers russes et à leurs probables tracasseries, ce serait idiot de rester coincée à la frontière Biélorussie-Pologne !
Plongeons dans le métro jusqu’au parc Gorki. A la sortie du métro, on se croirait un figurant d’un tableau de De Chirico, avec des couleurs du nord. On y lit l’immortalité de la patrie. Drapeaux, étoiles rouges. Grande austérité. Même le cirque n’a pas l’air désopilant.
Entre palais de la république et l’affirmation du maintien de la patrie à travers les siècles, sous des dais bleus et blancs, surprise, un "vernissage" : les artistes locaux vendent et présentent leurs oeuvres. On voit beaucoup de lacs, d’étangs, de brumes. Et dans cette respectable production, quelques taches de couleurs plutôt drôles, comme des images de bande dessinée. Ce sont les œuvres de Vlad Stalmakhov, artiste minskien. Je m’enquiers des prix. Évidemment, en roubles biélorusses, ça fait beaucoup. La dame des cimaises propose une conversion en dollars, mais je n’ai pas de dollars. En euros, alors. Deux tableaux, avec les cadres, 60 euros. Allez, hop ! Il y a là un chat dépenaillé, jaune avec des taches noires, qui dit que "les chats sont des animaux domestiques qui ne se promènent que pour leur propre compte". Et une fusée qui dit "CCCP love, vue sur le cosmos grand ouvert". Tableaux produits dans la "ville-héros Minsk". La vendeuse me donne le téléphone de Vlad : un jour, je crois, je l’appellerai.