Новый день
Jour nouveau, chanson de pionners, 1977
Il fait jour quand je me réveille. Je jette un œil dehors ; avons-nous passé la frontière ? Je me risque à poser la question à mes voisins. Oui, on a passé la frontière. Pas vu l’ombre de la trace d’un douanier. Passer par la Biélorussie, c’était finalement un bon plan. Finie l’angoisse du tampon. Toute frontière serait donc faillible ? C’est rassurant.
Le paysage, avec des brumes s’élevant des étangs, les couleurs froides d’après la neige, les forêts, est d’une grande douceur. J’ai en tête Requiem pour un massacre, de Elem Klimov. Cette terre est un grand blessé. Seconde guerre mondiale, un quart de la population disparaît. Tchernobyl, et c’ est ici que retombent les trois quarts de la radioactivité.
Le pays m’a l’air, comme dirait une maîtresse de maison, bien tenu : les petites maisons sont encloses entre des palissades parfaitement au carré. En Russie, tout est un peu de guingois. En Biélorussie, vu de loin, à travers la vitre d’un train, on aime l’orthogonal.
Les toits des ateliers des industries lourdes ne s’écroulent pas. Le train s’arrête quelques minutes dans une gare . Il manque quelque chose dans le paysage, mais quoi ? Mais oui ! Les pubs... Un panneau informe qu’en gagnant une minute, on peut perdre la vie. Une étoile rouge avec faucille et marteau peut-elle être interprétée comme publicité ?